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Vers une refondation du management technologique Jean-Jacques CHANARON* Thierry GRANGE Décembre 20051 Draft V3.1 – Ne pas citer La question de la pertinence de maintenir, voire de développer, des recherches et des enseignements spécifiques en management technologique participe clairement des débats actuels sur le rôle et la place de la recherche scientifique et technique dans la société française (Etats Généraux de la Recherche, 2004, Projet de Loi d’Orientation et de Programmation de la Recherche et de l’Innovation, 2005) et de l’innovation technologique dans la croissance de son économie (Rapport Beffa, 2005). Tant les enjeux de ces débats nationaux que le moment de leur émergence sont considérables. Un consensus s’est établi sur les points de départ : en France la recherche et l’économie sont à un tournant historique. Comme le formule joliment E. Le Boucher (2005), « son industrie date et ses efforts de recherche sont insuffisants et ils n’aboutissent pas… Sa compétitivité est menacée par les Etats-Unis d’un côté, et par la Chine de l’autre ». Lors de sa conférence de presse du 6 janvier 2005, J.L. Beffa affirme même que « l’erreur est d’avoir lié un mouvement de privatisation à un mouvement de non-intervention de l’Etat dans le domaine de l’innovation industrielle. » C’est un véritable pavé dans la mare de la pensée unique ultra-libérale : le soutien public de l’innovation technologique dans le secteur manufacturier serait l’un des moteurs de cette renaissance que le rapport Beffa appelle de ses vœux et qui serait l’objectif central de la nouvelle politique industrielle française et donc la mission principale, sinon unique, de la nouvelle Agence pour l’Innovation Industrielle, chargée de sélectionner de grands projets phares et de coordonner les actions de l’Etat et des grandes entreprises. L’orientation vers la recherche fondamentale est, en effet, souvent invoquée comme source du mauvais classement de la France en terme de capacité d’innovation : avec un « indice d’innovation » (Perez, 2005) de 0,46 pour 2004, la France se retrouve au onzième rang mondial loin derrière la Japon (0,77), la Suède (0,76), la Finlande (0,75) et les Etats-Unis (0,70) et la Suisse (0,68) (European Commission, 2004). Cette fonction centrale de l’innovation technologique dans la croissance économique est bien sûr reconnue de longue date par les économistes dans la mouvance de la pensée schumpétérienne (Chanaron, 1990). Mais elle n’a pas été jusque là véritablement intégrée, ni a fortiori instrumentée, en terme de stratégie d’entreprise, ni par les grands groupes industriels, ni par la communauté scientifique et technique, ni a fortiori par la classe politique et à sa suite par l’administration. Et lorsqu’elle a été l’objet d’une véritable intention de politique industrielle – plan « Calcul », programme « Bioaveni »r, par exemple –, les résultats ont été à tout le moins décevants faute de continuité, de moyens et de constance de la part de l’Etat (Callon, 2005). Or, comme le souligne R. Boyer (Le Boucher, 2005), le rebond économique japonais des années 2000 trouve sa source dans « le réarmement technologiques des grandes firmes industrielles » qui ont appris « à se coordonner entre elles, …, et à faire appel à l’Etat pour financer des recherches très avancées ». Sans oublier, d’un autre côté, et malgré l’échec des politiques publiques en France, le modèle entrepreneurial des PME et des jeunes pousses innovantes qui dynamise la créativité de l’ensemble du système. Aujourd’hui, il est fondamental de prendre en compte que, dans l’ensemble de l’Union Européenne, un consensus général s’est établi au sein de la communauté économique, relayé par les acteurs du système scientifique et technique, et porté, sinon partagé par les politiques, sur la fonction centrale de l’innovation dans la défense et le renforcement des positions concurrentielles des entreprises. Certains vont même jusqu’à considérer l’innovation technologique comme la seule planche de survie des entreprises des pays industrialisés dans le contexte d’une globalisation croissante et d’une intensification extrême de la concurrence mondiale. Il en irait donc de même pour les économies nationales et régionales ! Cette reconnaissance du rôle de la recherche et de l’innovation dans la croissance a été inscrite dans les « tables de la loi » que sont censés être les dix points phares de la « stratégie de Lisbonne ». Aux Etats-Unis, comme en Chine et au Japon, le mouvement est similaire. Scientifiques et industriels mettent la capacité d’innovation, et en toile de fonds, la recherche développement comme la clé de la compétitivité des nations et des entreprises. Le rapport de la « Task Force on the Future of American Innovation » est explicite de cette philosophie, un déclin de la science étant fatalement la cause d’une détérioration future de l’économie. A l’inverse, une avancée dans la recherche fondamentale chinoise – nanotechnologies, électronique et biotechnologies – est susceptible de donner à la Chine des avantages concurrentiels notables (Quiret, 2005). Il est d’ailleurs intéressant de noter que, pour faire face à la menace de perte de capacité d’innovation du fait de la délocalisation de leurs activités de R&D par les groupes multinationaux, en Asie notamment, il est recommandé d’accroître les budgets de recherche dans les pays – Etats-Unis, Europe, Japon - ainsi affectés par ce « brain drain » (US Congress U.S.-China Economic and Security Review Commission, 2004). De leur côté, évidemment, les grands pays émergents, Corée2, Inde, Chine et bien d‘autres, se lancent dans des programmes d’accroissement substantiel de leurs dépenses de R&D. Tout se passe donc comme si un mouvement universel prônait désormais l’excellence scientifique comme garantie d’un avenir économique meilleur, sinon brillant3. 1. Vers une définition du management technologique |
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