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Les impacts des changements climatiquesLes travaux menés dans le cadre de la ratification de la CCNUCC et portant sur les impacts des changements climatiques sur le territoire sénégalais8 relèvent trois principaux « secteurs » de vulnérabilité, largement interdépendants, que sont: les ressources en eau, l’agriculture et les zones côtières. Les activités (pêche, agriculture, maraîchage, tourisme, élevage…) menées dans ces trois secteurs occupent plus de 70 % de la population et contribuent fortement au PIB national, d’où l’impact direct de toutes modifications du climat sur les populations, mais aussi, sur l’économie globale.
La côte sénégalaise, longue d’environ 700 km, n’est rocheuse que dans la presqu’île du Cap Vert (volcanique) et la région de Thiès. Ailleurs, elle est basse et sablo-argileuse ce qui la rend très vulnérable aux changements climatiques9. Or le Sénégal connait une dépendance très élevée à l’égard de sa zone côtière du fait notamment d’écosystèmes très productifs (niayes, mangroves, etc) qui contribuent à une part importantes des activités économiques du pays et de son PIB (pêche, tourisme, etc). Les principaux problèmes environnementaux que connaissent les côtes sénégalaises sont liés plus ou moins directement à des paramètres climatiques, les plus importants étant :
Les principaux impacts biophysiques des changements climatiques considérés comme très probables à probables (McLean et al., 2001) sont décrites sur le tableau suivant : Tableau 1: Impacts physiques des changements climatiques et leurs conséquences en zone côtière
Sur la base de nombreuses études, le PANA note que le secteur des ressources en eau est « classé comme l’un des secteurs les plus sensibles aux mutations climatiques, et ceci malgré le potentiel de ressources hydriques relativement importantes dont dispose le pays » (de l’ordre de 35 Mds de m3/an)10. Le Sénégal connait depuis une trentaine d’années une forte détérioration quantitative et qualitative de ses ressources en eau, entrainant une sahélisation du territoire. Au plan quantitatif on note une baisse de la pluviométrie de 30 à 40 % entre les normales 1931/1960 et 1961/1990, marquant la présence de deux phases dans l’évolution climatique du pays. Ainsi, au nord du Sénégal, l’isohyète des 200 mm remplace celui des 400 mm tandis qu’à l’extrême sud-ouest l’isohyète 1300 mm apparaît en lieu et place de la 1700 mm. Figure 1: Carte des isohyètes du Sénégal ![]() Source : Centre de Suivi Ecologique du Sénégal/ EROS Cette baisse pluviométrique se traduit par une baisse drastique des écoulements de surface notamment des débits des grands fleuves. De nos jours, le fleuve Sénégal voit son module chuter de plus de la moitié (allant de 640 à 250 m3/j) alors que la Casamance, coupée de sa source se transforme en rias avec une remontée de la marée jusqu’en amont de Dianamalari, proche de Kolda. L’impact de la baisse pluviométrique s’est également manifesté sur les nappes phréatiques. Ces ressources en eau qui jouent un rôle important dans les programmes d’hydraulique villageoise, sont en nette régression. Leur taux d’épuisement, inversement proportionnel à leur profondeur, est de 20 à 50 cm par an. Au plan qualitatif, la détérioration de la ressource en eau est partout manifeste. Au niveau de la côte l’affaiblissement des écoulements entraîne une profonde pénétration des eaux marines qui transforme tous les bras de mer en estuaires inverses et fragilise considérablement les nappes phréatiques côtières par l’avancée du biseau salé. Dans le continent, la concentration des eaux se généralise du fait de l’évaporation prépondérante des eaux tant de surface que souterraines. Dans les régions semi-arides comme le Sénégal, la détérioration des ressources en eau a un impact direct en termes de développement. Le recours systématique aux eaux souterraines pour alimenter les populations et le bétail est un impératif de développement du fait de la dégradation de la qualité et de l'insuffisance des eaux de surface du fait de la baisse de la pluviométrie. Les projections en termes d’impact diffèrent considérablement sur la base des trois scénarios du GIEC à l’horizon 2100 : d’une baisse considérable des niveaux phréatiques allant de 5 mètres pour une sensibilité moyenne du climat à 10 mètres pour une sensibilité haute. L’adaptation à la sécheresse ou l’atténuation de ses effets néfastes sur les stratégies de développement nécessite une mise en œuvre de mesures radicales d’une gestion rationnelle des réserves disponibles.
En matière agricole, le Sénégal dispose de ressources en sols non négligeables qui s'élèvent à 3,8 millions d’hectares, soit 385 ha pour 1000 habitants. Ces ressources sont largement supérieures aux moyennes africaine et mondiale qui sont respectivement de 86 et 73 ha pour 1000 habitants. La répartition de la superficie agricole utile par zone climatique indique que 437 000 ha, soit 11% de cette superficie, se trouvent dans une zone à pluviométrie inférieure à 500 mm. Il s’agit de la région du Fleuve, les Niayes, la partie Nord du Bassin arachidier et le Ferlo. L’impact des changements climatiques sur les productions agricoles a été analysé dans le cadre des études menées sur la vulnérabilité du Sénégal11. Cette étude, qui a porté sur les principales cultures pluviales du Sénégal (le mil et l’arachide), a démontré une forte vulnérabilité climatique du secteur des productions agricoles. Cette vulnérabilité est notamment liée au stress hydrique des cultures et se traduit par une forte baisse des rendements dans le cas d’un scénario sec (pluviométrie déficitaire des années 1970/1985) et une légère hausse dans le cas d’un scénario humide (pluviométrie des années 1950/1960). En tout état de cause la variabilité climatique, qui s’est traduite par une forte baisse de la pluviométrie au cours des trente dernières années, ainsi que sa variabilité interannuelle ont largement affecté les niveaux de production agricole au Sénégal. Le déficit vivrier est hautement susceptible de suivre une tendance accrue même en cas de scénario humide. En effet, on peut s’attendre aussi à ce que les changements climatiques liés au réchauffement de la terre contribuent à une accélération de la dégradation des sols consécutive à la disparition de la végétation. L’absence ou la raréfaction de la couverture végétale rend les sols vulnérables aux effets érosifs du vent et de l’eau. Les sols sénégalais ont été cultivés pendant des décennies sans une correcte restauration de leur fertilité par une utilisation inappropriée des engrais minéraux et organiques, ceci a conduit à une forte minéralisation et à une perte rapide de leur teneur en matière organique. Aux causes biophysiques de la vulnérabilité qui sont actuellement les plus majeures, il convient en effet d’ajouter une cause démographique résultant de la paupérisation du monde rurale. Pour faire face à la baisse de la productivité des sols et à la croissance des besoins énergétiques, une plus forte pression des hommes est exercée sur les ressources naturelles fragilisées par le climat.
La vulnérabilité se situe aussi dans la faible capacité de régénération des essences forestières sénégalaises et d’un phénomène accru de déforestation sous l’effet conjugué de la péjoration des conditions climatiques et de la pression anthropique (surexploitation, surpâturage, utilisation massive du feu de bois, défrichements, feux de brousse). Les surfaces forestières occupent 45,1% du territoire sénégalais (environ 8, 673,000 hectares). 18,4% de ces ressources (1, 598,000 hectares) sont classifiées comme forêt primaire. La forêt est en régression à un taux de 5 à 10 % par an (moyenne de 9,2% de 1985 à 1995), soit près de 80 000 ha par an. Entre 1990 et 2005, la Sénégal a perdu 7.2% de sa couverture forestière (environ 675 000 ha). Malgré le fait que la lutte contre la déforestation soit devenu un impératif nationale, les tentatives de reforestation demeurent pour l’instant trop modeste (20000 ha /an) face à l’ampleur du phénomène.
La principale source d’énergie au Sénégal provient de la biomasse, d’autant plus sous-pression du fait de la hausse du prix du baril pétrolier. Les énergies traditionnelles, telles que le charbon de bois ou le bois de chauffe, constituent en effet plus de 55% du total de l’énergie consommée. Les produits pétrolier représentent quant à eux 40% de cette dernière, principalement utilisés dans les secteurs des transports et de l’industrie, tandis que seuls moins de 5% de la consommation d’énergie proviennent de l’électricité. Le Sénégal reste en effet faiblement électrifié avec un taux d’électrification moyen de 40.7%. Cette moyenne cache des disparités importantes entre zones urbaines et rurales., le taux d’électrification rurale s’élevant à 14,2 % tandis que le taux d’électrification urbaine est de 74%. Le secteur de l’électricité est dominé par l’entreprise nationale, la Senelec. Toutefois la compagnie et le secteur sont en profonde restructuration depuis la réforme de 1998 marquant une volonté de désengagement progressif de l’État en appelant de façon plus prononcée au secteur privé, notamment pour l’électrification rurale. En effet, la loi 98-29 du 14 avril 1998, visant principalement à garantir l’approvisionnement en énergie électrique à moindre coût, a notamment institué l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (ASER) dont la mission principale est de promouvoir l’ER et d’apporter, à cet effet, l’assistance technique et financière requises. L’Etat du Sénégal a un ambitieux programme pluriannuel (2002-2022) d’électrification rurale, le Programme d’Actions Sénégalais d’Electrification Rurale (PASER) qui vise à porter le taux d’électrification rurale à 30% en 2015, puis à 62% à l’horizon 2022. En 2005, 2546 GWh d’électricité ont été produits avec des pertes de distribution s’élevant à 446 GWh. Seuls 3,6 GWh étaient d’origine solaire décentralisée. La Senelec assure 80 % de la production à partir de centrales thermiques et du barrage hydroélectrique de Manantali (267 GWh soit 10,5% d’origine hydraulique). Cette source de production électrique, projet associant le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, est opérationnelle depuis 2000 et permet de compenser une partie du déficit électrique au cours de la saison des pluies. L’impact du solaire est notable sur le taux d’électrification rurale nationale (14,2% contre 11,4% sans le solaire). Pour certaines régions, à l’image de Fatick, l’impact est très marqué (24,7% contre 5,7 % sans le solaire, en 2005). Le Sénégal dispose en effet d’un important potentiel dans le domaine des énergies renouvelables, tant dans le domaine solaire (forte intensité de radiation (5,8 kWh/m2/jour) et près de 3000 h d’ensoleillement/an) qu’éolien (le long du littoral entre Dakar et St-Louis, la vitesse des vents est comprises entre 3,7 m/s et 6,1 m/s). Mais ce potentiel est largement sous-utilisé alors que le pays se trouve aujourd’hui dans un contexte de pénurie d’énergie.
Le Sénégal a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques en juin 1994 et le protocole de Kyoto en Juillet 2001. Le Sénégal a été l’un des huit premiers pays non-Annexe 1 à établir et présenter sa Première Communication Nationale. Cette dernière a été soumise à la COP de décembre 1997 à Kyoto, au Japon. Elle a permis d’identifier les principales sources de GES et d’en fournir une quantification approximative. Par habitant, les émissions étaient de 410 kg eqCO2 en 1995 (tandis que les Etats-Unis émettaient 19,7 tonnes la même année). L’évolution sur les années disponibles entre 1994 et 1995 montrait une forte proportion à la hausse (7%), repartie dans tous les secteurs. Si la hausse s’était poursuivie à ce rythme jusqu'à aujourd’hui cela signifierait que les émissions en 2008 sont 2,5 fois plus élevées qu’en 1995. Dans le cadre de sa première Communication, le Sénégal a réalisé en 1997 des études portant sur l’identification des besoins en transfert de technologie dans les domaines de :
Dans le cadre du programme CC-Train, financé par le FEM et conduit par l’UNITAR, le Sénégal a publié sa Stratégie nationale de mise en œuvre (SNMO) en octobre 1999. La réalisation de ce document de stratégie nationale avait pour but de fournir un cadre pour consolider les connaissances sur les changements climatiques et d’explorer les politiques et mesures destinées à intégrer les considérations liées aux changements climatiques dans le cadre d’un développement national durable. Des études conduites ont précisé la vulnérabilité de certaines zones du pays et la stratégie détaille certains projets d’atténuation. Ceux-ci ont été étudiés de manière systématique dans Economics of Greenhouse Gas Limitations, réalisé en collaboration avec le PNUE et publié en 2001 : électrification rurale par les énergies renouvelables, séquestration du carbone par les forêts, efficacité énergétique du secteur industriel. Entre 2006 et 2009, le FEM, au travers d’un projet exécuté par le PNUE, appuie le Sénégal à réaliser sa Seconde Communication Nationale. L’inventaire de GES a été actualisé et des études sur l’impact des changements climatiques sur les secteurs Pêche, Santé, planification du secteur eau sont en cours. Le Sénégal, dont trois projets MDP sont en cours de validation, a abrité la première foire africaine sur le marché carbone en septembre 2008. Du fait de sont statut de PMA et conformément à l’article 4.9 de la Convention CCNUCC et la décision 28 de la Septième Conférence des Parties (28/CP7) sur les lignes directrices pour l’établissement de programmes d’action nationaux aux fins de l’adaptation, le Sénégal a l’instar de tous les pays les moins avancés, a bénéficié d’un financement FEM pour établir en 2006 son Plan National d’Action pour l’Adaptation (PANA) face aux effets du réchauffement climatique. Ce projet a permis d’identifier les besoins d’adaptations urgents et prioritaires du pays face à sa vulnérabilité aux changements climatiques. Mais les projets identifiés comme prioritaires n’ont toujours pas fait l’objet d‘une demande de financement auprès du FEM et donc n’ont pas été mis en œuvre. A cet égard, le Sénégal accuse un certain retard comparé à ces homologues et voisins en Afrique de l’Ouest.
Le Ministère de l’Environnement et de la Conservation de la Nature a été créé en 1993. Le point focal de la CCNUCC en son sein est la Direction de l’environnement et des établissements classés (DEEC). La DEEC est de plus l’autorité nationale désignée pour les projets MDP, mise en place depuis 2006 par arrêté ministériel. Suite à la ratification de la Convention, un Comité National de suivi sur les Changements Climatiques (COMNACC) a été mis en place en 1994, pour l’application effective de ses objectifs. Ce comité a été formalisé sur le plan institutionnel par un arrêté Ministériel, en 2002. Présidé et coordonné par la DEEC, le COMNACC regroupe une soixantaine d’experts en provenance des ministères, des instances de l’État, ainsi que du secteur privé et de la société civile. Ce comité, original à bien des égards, est l’un des points forts du Sénégal dans la lutte contre le changement climatique. Ses membres sont en fait les différents experts sectoriels formés dans le cadre des programmes sur le changement climatique. ENDA Tiers Monde et les structures de recherche ISRA (CRODT, UTIS) et Université C. A. D (Département de Géologie, Biologie Végétale, Institut Sciences de l’Environnement, Ecole Supérieure Polytechnique) sont des partenaires techniques dans la mise en œuvre des programmes. Le Sénégal a par ailleurs très tôt adopté un système de planification économique normative, basé sur la définition de plans quinquennaux de développement. Actuellement le neuvième plan dans son orientation stratégique N°10 a introduit la notion de développement durable. La dimension changement climatique bien qu’étant un nouveau défi n’a été que partiellement prise en compte dans certains secteurs (foresterie et énergie). Aujourd’hui, des efforts ont été consentis par l’Etat en complétant le cadre de planification avec :
Le corpus juridique relatif à la gestion des ressources naturelles et de l’environnement est caractérisé par son caractère multiforme. Jusqu’à présent, les différents codes demeurent non applicables car ils pêchent par leur caractère trop général, et l’absence de normes précises concernant la qualité des milieux.
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