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1Industrie pharmaceutique : Le rôle de l'innovation?1.1Une structure industrielle très spécifiqueEn partant de la vente du médicament pour remonter à la découverte de molécules nouvvelles celle-ci peut être décomposée en plusieurs activités dont les logiques techniques économiques et financières sont notablement différentes (et qui de ce fait ne peuvent que rarement être réalisées de façon compétitive dans la même structure) 1.1.1le marketingPublicité, visite médicale, organisation de congrès, avantages divers accordés aux personnes ayant une influence dans l'acte de prescription,... : certains considèrent que cela représente environ 20 % du chiffre d'affaires des big pharma 1.1.2la production physique des médicaments :Elle-même se décompose en deux parties
C'est de plus en plus une activité marginale dans la valeur ajoutée pour les laboratoires basés sur l'innovation. En cela l'industrie pharmaceutique se rapproche de l'industrie informatique : couts de développement importants, couts de (re)production marginaux (voir ci-dessus $$$ la différence entre le coût du Prozac et son générique qui donne une idée de la part "fabrication" dans le prix de revient et dans le bénéfice global), mais bien entendu elle reste une source de risque en matière de sécurité sanitaire avec des conséquence financières très importante en cas de manque de rigueur 1.1.3les essais cliniques, l'élaboration des dossiers administratifs nécessaires, les actions le domaine juridique (propriété intellectuelle, gestion des contentieux, procès,...)C'est une activité a faible intensité inventive (même si parfois les essais cliniques peuvent fournir des idées pour améliorer le médicament, accroître ses indications, et définir des protocoles thérapeutiques performants ) mais c'est l'étape la plus onéreuse dans le développement d'un nouveau médicament (2/3 du coût de la R&D) au niveau mondial et c'est celle qui justifie aujourd'hui la constitution de très grands groupes On constate que les "me-too" (médicaments analogues à ceux déjà sur le marché) conduisent à des dépenses dans ce domaine plutôt supérieur aux vraies innovations: en effet il ne faut pas se cacher que les dépenses d'essais cliniques représentent dans ce cas pour une part non négligeable une dépense de nature marketing : il s'agit en apportant des contrats à des leaders d'opinion dans le milieu hospitalier, d'assurer la promotion de l'usage du médicament en question auprès des praticiens et une influence bienveillante pour bénéficier d'une "ASMR" Cette politique est parfois couronnée d'un succès spectaculaire: d'après une étude d'Accenture par exemple le Zantac, "me-too" du Tagamet a en 10 ans atteint un chiffre d'affaire 8 fois supérieur à celui-ci cette phase peut être très largement externalisée
1.1.4travaux de recherche pour la mise au point des moléculesil y a là encore deux cas de figure : 1.1.4.1Le cas des "me-too" et de "perfectionnements de médicaments existants:Il s'agit soit de développer une molécule semblable à une de celle existant déjà sur le marché mais en évitant de tomber sous le coup des brevets des concurrents, soit de prolonger une de ses propres molécules dont le brevet va tomber dans le domaine public, en y apportant des modifications permettant de déposer un nouveau brevet. Dans cette phase, les recherches visent bien évidemment également à "améliorer" la molécule (réduction des effets secondaires, élargissement des indications thérapeutiques,...) On pourra mettre également les améliorations galéniques dans cette catégorie 1.1.4.2Le cas des molécules véritablement innovantes provenant de la recherche "discovery" :En général ces molécules, qui ont prouvé leur efficacité thérapeutique, présentent des toxicités ou des effets secondaires indésirables qu'il convient de neutraliser : cet "affinage" de la molécule nécessite un travail extrêmement lourd pour analyser et comprendre ces effets, créer de nombreuses variantes et les tester. Cette phase conduit à éliminer un nombre considérable de molécules "candidates". Dans les deux cas cette phase est très coûteuse (30 à 40 % du coût de la recherche pour donner un ordre de grandeur) et nécessite du personnel de recherche très qualifiée. C'est une phase cruciale et onéreuse qu'il est très difficile d'externaliser 1.1.5la recherche "Discovery", c'est en fait le stade de la véritable innovationA ce stade absolument crucial qui consiste à innover dans les méthodes de soins il est extrêmement difficile de dissocier la recherche médicale de la recherche sur le médicament En effet pour concevoir un nouveau médicament, sauf à opérer comme autrefois en procédant à d'innombrables essais en aveugle (avec un rendement nécessairement décroissant malgré l'accroissement de la productivité des méthodes de tests) il est indispensable de comprendre les mécanismes de développement de la maladie pour pouvoir créer des molécules permettant de lutter contre elles. Un des axes de développement actuels les plus prometteurs, la bioinformatique, qui procède a partir de modélisation des molécules, fait appel à des mathématiques très élaborées (une molécule d'ADN est en fait un véritable programme informatique) Cette phase nécessite beaucoup de créativité, et l'expérience montre que cette créativité décroît avec la taille des laboratoires. Paradoxalement les fusions acquisitions auquel nous avons assisté dans ses vingt dernières années, rendue indispensable par la mondialisation et le coût du développement et de la promotion des nouvelles molécules (en moyenne 800 millions de dollars) ont diminué la capacité d'innovation des entreprises pharmaceutiques. On ,estime qu'au moins la moitié des molécules véritablement innovantes proviennent soit des laboratoires publics, soit des petites structures de recherche, soit des laboratoires petits et moyens et des start-up. "ce sont les petits laboratoires et les starts up qui sont à la source de l'innovation, l'essentiel des nouvelles molécules viennent des petits laboratoires. La part des grands laboratoires est en baisse tendancielle" Marc Giget professeur de la chaire d'économie de l'innovation au Conservatoire National des Arts et Métiers Cette phase la plus stratégique pour l'avenir à long terme des entreprises est paradoxalement la moins onéreuse (5 à 15 % du coût de la recherche soit 1à 2% du coût total du médicament) mais c'est aussi la plus difficile à organiser et à manager : Elle nécessite très peu de chercheurs, souvent très jeunes mais de génie (des "graines de prix Nobel") sans respect pour les hiérarchies, alors que les phases ultérieures impliquent de gros bataillons pas trop inventifs, mais bien organisés et dressés à respecter des protocoles très stricts pour un processus de recherche "à la chaîne" où un génie créatif trouve aussi mal sa place que Charlie Chaplin dans "les temps modernes" Les Big Pharma que nous avons rencontrées ont toutes aujourd'hui pris conscience de ce phénomène (qu'elles récusaient encore avant les grandes fusions en pensant que la "masse critique" s'appliquait à la créativité) Pour relever ce défi
Aujourd'hui ce phénomène est considéré comme normal et les Big Pharma les plus performants en ont tiré les conséquences: ils pensent maintenant, à juste titre, que cette étape clé nécessite de développer une organisation en réseau permettant des partenariats très étroits avec des structures par nature plus innovantes (recherche publique, start-up, "petits laboratoires",… Ces partenariats passent soit par des programmes de recherche en commun avec des équipes mixtes, soit par les participations au capital (corporate venture, R&D partnership, rachat) soit par des accords de licence pour le développement du produit voir même des joint-ventures avec intéressement à la commercialisation effective,... |